Comprendre comment l’OMS définit et encadre le handicap change la manière d’agir au quotidien, que l’on soit citoyen, employeur, enseignant ou décideur. Cette approche met la personne au centre et éclaire les relations entre santé, environnement et participation sociale. Elle aide à concevoir des politiques plus justes et des solutions concrètes, du bâti à l’outil numérique. Voici un guide clair pour saisir les définitions, les enjeux et les usages pratiques.
💡 À retenir
- Selon l’OMS, 15% de la population mondiale vit avec un handicap
- Le handicap peut affecter l’accès à l’éducation et à l’emploi
- L’OMS promeut des politiques d’inclusion et d’accessibilité
Qu’est-ce que le handicap ?
Le handicap n’est pas seulement une caractéristique individuelle. Il résulte de l’interaction personne-environnement entre des limitations de santé et des obstacles physiques, sociaux ou organisationnels. Deux personnes ayant le même diagnostic peuvent vivre des réalités très différentes selon le contexte dans lequel elles évoluent.
On parle donc d’un phénomène dynamique, qui varie avec les lieux, les normes, le regard social et la qualité des aménagements. Améliorer l’accessibilité d’un bâtiment, d’un site web ou d’un moyen de transport peut réduire, voire supprimer, une partie des difficultés rencontrées. Les aménagements raisonnables ne sont pas un bonus, ils constituent une clé d’égalité des chances.
Exemples de handicap
Ces situations illustrent la diversité des besoins et des réponses possibles :
- Un salarié avec un handicap sensoriel auditif bénéficie de sous-titrage en direct et d’un casque adapté lors des réunions hybrides.
- Une collégienne dyslexique accède aux manuels numériques avec synthèse vocale et obtient un temps majoré pour ses évaluations.
- Un usager en fauteuil roulant utilise une rampe, un ascenseur fonctionnel et un guichet abaissé pour accéder aux services publics.
- Une personne avec un trouble du spectre de l’autisme apprécie un espace calme, une signalétique simple et des rendez-vous à horaires stabilisés.
- Un étudiant malvoyant consulte les supports de cours en contraste élevé et via un lecteur d’écran compatible.
Définition du handicap selon l’OMS
La définition proposée par l’OMS s’appuie sur la CIF (Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé). Elle décrit le fonctionnement humain à travers trois dimensions qui se répondent : les fonctions et structures du corps, les activités et la participation. Les facteurs environnementaux et personnels modulent ces dimensions.
Concrètement, la CIF distingue l’atteinte de santé, la limitation d’activité et la restriction de participation. Une limitation ne se transforme pas automatiquement en désavantage social. Tout dépend des obstacles et des soutiens, des technologies disponibles et de l’organisation des lieux. Selon l’OMS, 15% de la population mondiale vit avec une forme de limitation durable, ce qui en fait un enjeu de santé publique majeur.
Cette approche sert de base aux politiques d’accessibilité universelle. Elle guide l’OMS pour sensibiliser, harmoniser les concepts, outiller les pays, et promouvoir des cadres qui garantissent les droits, la participation et la dignité.
Historique de la définition
Dans les années 1980, la classification ICIDH mettait l’accent sur les déficiences et leurs conséquences. En 2001, l’OMS publie la CIF, qui shift vers une vision plus interactionnelle et contextuelle. Le langage évolue aussi, avec la notion de « personne en situation de handicap », afin de replacer la personne avant la condition et son environnement.
Ce changement de paradigme a accéléré l’adoption de politiques inclusives, l’essor des aides techniques et la prise en compte des barrières sociales. Le modèle social ne nie pas la réalité médicale, il la complète en ciblant les obstacles à lever.
Les enjeux du handicap dans la société

Les inégalités apparaissent tôt, dès l’accès aux soins, à l’éducation et aux transports. Des classes sans supports numériques accessibles, des concours non adaptés, des sites web illisibles ou des logements non visitables freinent les parcours. Sur le marché du travail, les préjugés et le manque d’accommodements entraînent décrochage, sous-emploi et carrières interrompues.
La reconnaissance n’est pas qu’administrative. Elle ouvre des droits, déclenche des aides et légitime des ajustements au cas par cas. Les politiques publiques inspirées par l’OMS encouragent la formation des professionnels, la conception universelle, la collecte de données fiables et l’évaluation d’impact. Elles stimulent aussi l’innovation technologique au service de l’autonomie.
- Former équipes et managers à l’accessibilité et aux biais cognitifs.
- Prévoir des budgets dédiés aux aménagements et aux aides techniques.
- Co-concevoir services et produits avec des usagers aux profils variés.
- Intégrer l’accessibilité dès le cahier des charges (bâti, numérique, signalétique).
- Mesurer l’expérience réelle via tests utilisateurs et retours terrain.
Impacts sur les individus
Les effets touchent la santé mentale, la confiance et la participation civique. Un étudiant qui n’obtient pas ses adaptations peut décrocher. À l’inverse, un simple ajustement d’horaires, un logiciel de lecture ou un tuteur pédagogique peut faire toute la différence. L’autonomie n’est pas un état fixe, elle se construit par des appuis concrets et stables.
L’accès à l’emploi reste un verrou. Des entretiens adaptés, des outils ergonomiques et des objectifs réalistes limitent la fatigue et la charge cognitive. Côté vie quotidienne, des transports fiables, des interfaces inclusives et une information claire favorisent la liberté de choix. Pour de nombreuses familles, la coordination entre acteurs évite l’épuisement et les démarches répétitives.
- Demander une évaluation fonctionnelle centrée sur les situations de vie, pas seulement le diagnostic.
- Documenter ses besoins (exemples précis, preuves, courriers) pour accélérer les aménagements.
- Privilégier des solutions éprouvées et évolutives, compatibles avec les usages mobiles.
Mieux comprendre les différentes classifications
Plusieurs systèmes coexistent. La CIF décrit le fonctionnement et la participation, tandis que d’autres référentiels décrivent diagnoses et soins. L’objectif n’est pas de coller une étiquette, mais d’avoir un langage commun pour coordonner les acteurs, piloter des politiques publiques et suivre l’effet des aménagements au fil du temps.
La force des classifications modernes tient à leur granularité. Elles permettent d’identifier ce qui fonctionne, ce qui bloque et ce qui pourrait changer. Utilisées avec prudence, elles évitent les visions réductrices, guident la priorisation des investissements et rendent comparables les données entre territoires.